Rien n’est éternel #extrait 5 Une anonyme au bout du fil

Elle mène donc ainsi sa petite vie dans l’insouciance et la candeur. Papa n’est pas souvent là, mais elle n’en fait pas de cas, elle est habituée comme ça.

Et puis, ce village c’est un peu son royaume, il n’y a pas beaucoup d’enfants par ici, alors, la petite Juliette, solaire, rieuse, attire sourires et bienveillance. Son enfance a la saveur que l’on aimerait donner à l’éternité.

Ses grands-mères n’habitent pas loin, la famille se retrouve régulièrement, les hivers ressemblent à des contes de Noel, les automnes à des peintures de Monnet.

Enfant, elle ne sait pas encore que rien n’est éternel. Que le père Noel n’existe pas et que c’est son père à elle qui fait des traces de bottes dans la neige de décembre pour entretenir la légende. Les saisons suivent leur rythme lent, Juliette grandit et apprend un soir d’hiver, quelques jours après avoir soufflé sa huitième bougie, le goût amer du chagrin et de la séparation.

Le père de Gianni meurt, subitement, d’une crise cardiaque. Elle entend les adultes parler et dire que ce n’est pas étonnant vu tout ce qu’il buvait et puis qu’il avait la main leste avec Gianni et sa maman, que c’est malheureux bien sûr mais qu’ils pourraient souffler maintenant, elle ne sait pas ce que ça veut dire mais n’ose poser la question…Peut-être qu’elle demandera plus tard, quand les grands auront fini de chuchoter.

Pendant des jours qui lui semblent interminables, elle ne le voit pas. Des heures passées à la fenêtre à attendre un rai de lumière, un mot, un geste, il ne se montre pas.

Et puis, un soir, il vient sonner à la porte.

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